Le digital est un sujet omniprésent depuis quelques années et il n’a certainement pas fini d’alimenter la chronique tant son impact, même s’il est encore mal cerné, va transformer notre monde.
Afin de mieux percevoir pourquoi il est devenu aussi central et comment il est probablement à l’origine des plus grandes transformations qui nous attendent, mais aussi pour mieux nous rendre compte de la grande simplicité du concept, nous apportons ici notre contribution à toutes les tentatives de définition du terme « Digital » et à la mise en perspective infinie de ses usages.
La virtualisation du monde physique
Dans un premier niveau, le digital est tout simplement la transformation de notre monde physique dans un monde numérique, c’est-à-dire composé de données élémentaires (0 et 1 en binaire) dans un fichier informatique (Exemple : la transformation d’une image réelle en un fichier de données en format .jpg). Cette définition est également valable pour ce que nous pouvons appeler notre monde mental, c’est-à-dire nos pensées ou nos idées qui s’appuient sur une description du monde physique. On peut appeler cette première vision du digital la virtualisation.
Cette virtualisation est déjà une évolution très importante dans notre monde physique naturel. En effet, elle permet de classifier, de stocker de nombreuses représentations des éléments qui nous entourent et de les partager avec d’autres personnes sans véritables limites de temps ou géographiques. Un fichier numérique peut être mis à disposition à distance ou dupliqué et envoyé à un tiers. Il peut également être trouvé grâce à des moteurs de recherche. Ces usages que nous avons aujourd’hui sans même nous en rendre compte, demandaient des heures de travail et de nombreux matériaux supports il y a seulement quelques dizaines d’années.
Les avancées récentes de la technologie nous permettent même maintenant d’aller encore plus loin, puisque les imprimantes 3D permettent de régénérer un objet physique à partir d’un fichier de données. C’est finalement une sorte de télétransmission. Les progrès de cette technologie de fabrication sont d’ailleurs en passe de bouleverser une partie de nos chaînes actuelles de conception, fabrication, stockage et livraison. Imaginons, par exemple, l’impact de l’impression 3D de pièces détachées sur une activité de service après-vente et de maintenance : plus de fabrication à l’avance, plus de stock, plus de délais d’approvisionnement, plus de transport, plus de rupture et plus d’obsolescence…).
La boucle digitale est bien bouclée : le monde physique virtualisé et reconstitué à la demande, où on veut, quand on veut !
La connaissance approfondie et élargie
Le second niveau d’appréhension du digital permet d’aller encore plus loin. En effet, la transformation numérique des éléments qui composent notre monde physique apporte également un élargissement de nos perceptions naturelles (nos cinq sens biologiques) à travers des données supplémentaires que nous allons percevoir. Ces données supplémentaires peuvent être portées ou émises par l’objet physique lui-même ou simplement ajoutées à sa représentation numérique. Mais dans tous les cas, ces données augmentent notre connaissance et nous aident dans notre quotidien à prendre une décision ou à prévoir une action adaptée à cette situation mieux connue (Ex. : connaître la disponibilité, la compatibilité ou la traçabilité d’une marchandise au moment de l’acheter). Ces informations complémentaires peuvent également apporter un niveau de précision ou de détail non perceptible directement mais très utile dans nos décisions et actions (Ex. : la référence exacte d’une couleur, le poids ou la taille d’un objet, la géolocalisation dynamique d’un colis, la vitesse d’un véhicule). Toutes ces informations peuvent également être combinées entre-elles et former ainsi une nouvelle connaissance (Ex. : la géolocalisation d’un véhicule sa destination et sa vitesse peuvent donner une indication de son heure prévisionnelle d’arrivée).
Ces informations et celles issues de leur combinaison représentent un volume potentiel et un niveau de précision de connaissance quasiment infinis et dont l’exploitation permet d’envisager une vision totalement différente de notre monde.
D’autant que l’état digital et accessible à distance de ces informations permet d’assurer leur mise à jour et donc d’améliorer leur exactitude et leur adaptation au contexte (Ex. : Un prix dynamique tenant compte des promotions du moment ou de la proximité d’une date limite de consommation).
La richesse de la mise en relation des données
Et ce n’est pas fini : le troisième niveau à prendre en considération est la mise en relation des données entre elles qui va apporter encore plus de richesse. Le digital va en effet permettre de formaliser les liens possibles entre les éléments et de considérer un élément dans son contexte. L’information n’est plus uniquement liée à l’élément, elle n’est plus figée dans un périmètre fini mais elle peut avoir une signification ou une valeur relative à son environnement, à son positionnement vis-à-vis d’autres éléments ou aux liens qui les unissent (Ex. : Les liens entre deux personnes ou entre une personne et une organisation. L’ensemble des éléments contractuels, juridiques ou financiers d’un bien ou d’un service. La prise en compte de la météo, de la densité de circulation, de l’état de la route dans la conduite autonome des véhicules).
L’intérêt et la puissance de cette vision relationnelle réside dans une vision holistique des choses et surtout dans la possibilité de gérer ces liens comme une information elle-même dynamique et évolutive dans le temps, donc mise à jour.
Ce niveau d’information combiné au précédent laisse de nouveau percevoir un volume exponentiel d’informations dont la limite n’est définie que par notre capacité imaginative à inventer les usages qu’on en aura.
Une transformation inéluctable à mettre absolument à profit
Chacun de ces trois niveaux (virtualisation, élargissement de la connaissance et mise en relation des éléments entre eux et avec leur environnement) appliqué à tous les secteurs d’activité va avoir un impact évident sur la transformation des métiers et des équilibres économiques. Beaucoup de métiers vont disparaître mais ils laisseront place à de nouveaux types d’activités. Beaucoup de business modèles vont être transformés voire totalement remis en cause. Les fondements mêmes de notre société et de notre économie risquent d’être ébranlés (capitalisme, propriété, intermédiation, travail, acquis sociaux et même les régimes politique ou l’argent).
Même si ces transformations et ces remises en cause vont prendre du temps et s’installer progressivement pour certaines, d’autres peuvent venir plus vite qu’on ne le pense et une chose est sûre, c’est qu’elles sont toutes inéluctables. Tous les changements apparus dans le passé se sont finalement imposés et la plupart du temps pour notre bien.
La question à se poser n’est donc pas « Est-ce que cela va vraiment changer et quand ? » mais « Comment nous pouvons mettre à profit ces nouvelles possibilités ? » et surtout comment en profiter pour faire avancer deux grands sujets que sont la survie de la planète et l’équilibre de la qualité de vie pour tous. Saisissons notre chance !!